Par une journée caniculaire de juillet, je m’autorise une pause déjeuner bien méritée à l’ombre des haies qui bordent les vignes. Je m’installe tant bien que mal sur cette terre rouge et rocailleuse que l’on trouve au cœur de l’Hérault. Quelle surprise d’observer, entre deux bouchées de sandwich, un face-à-face entre une araignée de taille respectable (très respectable) et une sorte de guêpe d’une taille non moins respectable ! Je suis perdue… Qui de l’araignée ou de la guêpe est la proie ? Le prédateur ?
Je m’aperçois rapidement que l’araignée à l’abdomen imposant se fait littéralement traîner à travers la rocaille par cette guêpe aux ailes de feu… et sans ménagement. En y regardant de plus près, l’araignée semble inerte. Mais alors quoi ? S’il s’agit d’une proie, pourquoi ne pas s’en régaler sur place ? Pourquoi notre imposant hyménoptère1 s’obstine-t-il à la tirer ainsi sur plusieurs mètres ? Quelques photographies et questionnements plus tard, j’oublie l’incident, n’ayant que peu de temps à y accorder.
La réponse m’est donnée un jour où, feuilletant nonchalamment le Tome I des Souvenirs Entomologiques de Jean-Henri Fabre (lien en bas de page), je décide de lire le chapitre consacré aux Pompiles. J’ai alors la surprise de constater que le portrait qui m’est brossé de cet insecte correspond en tout point à cet étrange hyménoptère1 prédateur d’araignées. L’imposante « guêpe » aux ailes de feu n’est autre qu’un Pompile, ayant paralysé une Lycose (araignée errante). Le combat pourrait sembler à armes égales (chélicères acérées pour l’araignée, aiguillon paralysant pour le pompile) pourtant les différents témoignages tendent à donner l’araignée toujours perdante.
Quant à la destinée de la proie ? Elle constitue tout simplement un garde-manger idéal à la croissance d’une larve de notre impitoyable chasseur d’araignée. L’insecte transporte sa proie jusqu’à une anfractuosité, une cache sommairement aménagée pour la déposer, y pondre un œuf et repartir en chasse afin d’assurer les provisions pour l’œuf suivant. Rappelons que l’araignée n’est pas morte, seulement paralysée, autrement-dit, il s’agit d’un met de toute première fraicheur pour la larve carnivore…
1Hyménoptère : Ordre d’insectes très diversifié, regroupant, pour ne citer que les plus connus, abeilles, guêpes, bourdons, frelons, fourmis… Du grec ancien umên (membrane) et pterón (ailes), le nom de ce groupe d’insectes fait référence à leurs deux paires d’ailes membraneuses.
Pour aller plus loin :
Plus d’Info à propos des Pompiles sur le site de l’Office Pour les Insectes et leur Environnement (OPIE) :
https://www7.inra.fr/opie-insectes/mi-les-pompiles.htm
Texte de Jean Henri Fabre:
https://www.e-fabre.com/e-texts/souvenirs_entomologiques/pompiles.htm
Clé de détermination des Pompilidae en ligne :
http://www.shnao.eu/IMG/pdf/clef_des_genres_pompiles_d_europe_extrait_du_livre_les_pompiles_.pdf
Juste pour vous montrer que malgré l’aiguillon d’une guêpe commune (ici une Vespula vulgaris), certaines araignées ont aussi des armes… ici une toile cribellate qui agit comme du velcro… https://araigneesdewaterloo.wordpress.com/2018/08/02/amaurobius-similis-vs-guepe/ et
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Incroyable ! Merci pour ce témoignage. Alors, seuls les pompiles auraient l’habilité suffisante pour faire face à une araignée…
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